Éthiopie : construire des bases solides pour améliorer les résultats d’apprentissage
21 août 2025 par Secrétariat du GPE |
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En Éthiopie, le GPE et ses partenaires œuvrent pour améliorer l’éducation de la petite enfance grâce à un programme scolaire axé sur le jeu et à des formations ciblées pour enseignants.

Cet article a été initialement publié sur le site de la Banque mondiale (en anglais).

En Éthiopie, le programme « O-Class », une classe d’enseignement préscolaire intégrée au Programme d'amélioration de la qualité de l'éducation pour l'équité en Éthiopie (GEQIP-E), a pour objectif d’améliorer l’éducation de la petite enfance grâce à un programme scolaire axé sur le jeu et à des formations ciblées destinées aux enseignants.

Lancé en 2010, puis largement étendu par la suite, le programme « O-Class » offre une base solide d’enseignement préscolaire afin de préparer les élèves à l’école primaire et de réduire les taux d’abandon scolaire.

En 2023, plus de 2,3 millions d’enfants avaient bénéficié de ce programme, qui a également contribué à un taux de transition de 88 % vers la deuxième année d’enseignement primaire.

Le Programme GEQIP-E, lancé en 2017, renforce cette initiative en améliorant la formation des enseignants, en soutenant les élèves ayant des besoins éducatifs spéciaux et en répondant aux défis éducatifs dans les régions touchées par les conflits et au sein des communautés de réfugiés.

Eldana est une élève âgée de 6 ans à Dire Dawa, en Éthiopie. Elle aime apprendre et souhaite devenir enseignante. Elle fait partie du programme « O-Class », un programme d’enseignement préscolaire en Éthiopie.

Ce programme est conçu pour aider davantage d’élèves à améliorer leurs résultats d’apprentissage en assurant une meilleure préparation à l’entrée à l’école primaire, contribuant ainsi à réduire le risque d’abandon scolaire ou de redoublement de la première année de primaire.

Il repose sur un programme scolaire axé sur le jeu, adapté aux jeunes enfants, et comprend également une formation des enseignants ainsi que du matériel pédagogique.

« Les enfants développent un intérêt pour l’apprentissage lorsqu’ils le découvrent par des activités ludiques et sensorielles. Ils aiment être assis par terre plutôt qu’à des pupitres et jouer dehors. Ces activités favorisent l’intégration des processus d’apprentissage cognitif et physique. »

Ejeta Mekonnen
Directrice de l’école maternelle, primaire et secondaire Mariam Sefer

Avant la mise en place du programme « O-Class », le taux d'achèvement du primaire en Éthiopie n’était que de 50 %.

Cette faible performance s'expliquait en partie par une fréquentation irrégulière de l’école par de nombreux élèves et par le fait qu’ils ne débutaient pas leur scolarité à l'âge officiel d’entrée à l’école.

En effet, de nombreux enfants commencent leur première année de primaire plus âgés, probablement en raison du redoublement.

Grâce au Programme d'amélioration de la qualité de l'éducation pour l'équité en Éthiopie (GEQIP-E), le gouvernement éthiopien a réalisé des progrès considérables en termes d’efficacité interne, d’équité d’accès et de qualité globale de l’éducation.

Depuis son lancement en 2017, le programme GEQIP-E a mis en œuvre une série d’interventions ciblées dans toutes les écoles publiques primaires et secondaires en Éthiopie.

Il s’agit d’une initiative menée par le gouvernement et soutenue par plusieurs bailleurs de fonds visant à renforcer en profondeur le secteur de l’éducation et à garantir que les élèves et les enseignants bénéficient du soutien dont ils ont besoin.

Quant au programme « O-Class », il permet aux enfants d'âge préscolaire d’acquérir des compétences de base solides afin de relever avec succès les défis de l’école primaire et de faciliter leur transition de la première à la deuxième année.

Améliorer l’efficacité interne

« [Le programme GEQIP-E était nécessaire car] le système éducatif du pays devait de toute urgence renforcer ses capacités, notamment au niveau des premières années d’enseignement des compétences de base. En l'absence de bases solides, tant sur le plan cognitif que non cognitif, l’apprentissage des élèves risquait d'être moins efficace au cours des années suivantes. C’est pourquoi le programme ciblait principalement les petites classes et veillait à ce que les enfants intégrant l’enseignement primaire disposent des compétences de base en lecture, écriture et calcul. »

Hiroshi Saeki
Ancien chef de l’équipe de projet du GEQIP-E à la Banque mondiale

En 2023, plus de 2,3 millions d’enfants avaient bénéficié du programme « O-Class », que le gouvernement a ensuite étendu à un programme préscolaire de deux ans, en complément de ses autres initiatives.

« Il s’agit sans aucun doute d’un pas dans le bon sens », a déclaré Kirill Vasiliev, chef de l’équipe de projet précédent du GEQIP-E. « Le programme "O-Class" offre un fort potentiel d’impact à grande échelle. Il sera important d’évaluer rigoureusement les résultats, d’en discuter avec les décideurs politiques et d’examiner les possibilités de mettre à l’échelle l’approche de ce programme. ».

En effet, malgré les défis liés à l’impact de la pandémie de COVID-19 et des conflits récents sur la fréquentation scolaire, en 2022/2023, l’Éthiopie a enregistré un taux de transition de 88 % vers la deuxième année du primaire.

Améliorer la qualité

Le programme « O-Class » constitue une approche nouvelle pour l’Éthiopie, nécessitant une révision des méthodes précédentes d’enseignement des jeunes enfants.

Afin d’atteindre les objectifs du programme, GEQIP-E propose des formations destinées aux enseignants du programme « O-Class », ainsi qu’aux directeurs de leurs écoles, afin de les préparer à l’enseignement des enfants d’âge préscolaire.

« J’ai suivi la formation au programme « O-Class ». Elle est très différente des formations que j’avais suivies auparavant car, à l’époque, nous ne savions pas comment enseigner aux enfants. Aujourd’hui, nous comprenons mieux la façon de leur enseigner, de jouer avec eux et d’éveiller leur intérêt pour l’apprentissage. Par exemple, nous utilisons des chansons : ils apprennent l’alphabet en chantant et nous leur racontons des histoires. Même si les enfants ont l’impression de jouer lorsqu’ils chantent, ils apprennent beaucoup à travers le jeu. »

Dagmawit Eshetu
Enseignante d’Eldana

Si les perspectives pour l’enseignement préscolaire sont prometteuses, les défis liés à la réforme du système éducatif en Éthiopie demeurent considérables.

L’Éthiopie compte 27 millions d’élèves, et le nombre et la qualité des enseignants qui leur sont disponibles auront une incidence déterminante sur leur réussite scolaire.

Nombre d'enseignants formés par le GEQIP-E par région.

Malgré les efforts soutenus du gouvernement éthiopien pour former davantage d’enseignants, un grand nombreux d’entre eux échouent aux examens de certification.

Lorsqu’ils commencent à enseigner, ils sont confrontés à des salles de classe surchargées et au manque de matériels pédagogiques. Zemen Ashenafi est professeure de mathématiques et enseignante référente à l’école Nigist Fura, à Hawassa, dans la région Sidama.

Les enseignants référents travaillent aux côtés des enseignants des différentes matières afin de les aider à mettre en œuvre les plans de cours et à appliquer les méthodes pédagogiques recommandées. Selon Zemen, le manque de formations adaptées représente un défi majeur pour les nouveaux enseignants.

Au cours de sa mise en œuvre, GEQIP-E a proposé une formation et un programme d’accompagnement destinés aux enseignants, aux directeurs d’écoles, ainsi qu’aux inspecteurs scolaires.

Le programme GEQIP-E a également mis l’accent sur le développement des compétences numériques des enseignants du secondaire, grâce à des formations, à la mise à disposition de tablettes et d’outils d’évaluation, ainsi qu’à la fourniture de manuels scolaires pour les matières essentielles au primaire et au premier cycle du secondaire.

Au total, 102 117 enseignants ont été formés, entraînant une amélioration significative des résultats d’apprentissage, en particulier dans le premier cycle du secondaire.

Dans le cadre du programme GEQIP-E, les enseignants ont également été formés à l’évaluation continue en classe. Cette pratique pédagogique permet aux enseignants d’évaluer en continu les progrès des élèves ainsi que leur assimilation des contenus enseignés au quotidien.

Les élèves sont ensuite répartis en fonction de leurs besoins : ceux qui nécessitent un accompagnement intensif, un soutien modéré, ou des activités d’enrichissement.

« L’évaluation continue en classe obligent les élèves à réviser les matières qu’ils n’ont pas bien assimilées, et les enseignants à évaluer la classe en continu afin d’identifier les difficultés rencontrées par les enfants et de leur apporter le soutien nécessaire. Cette approche permet aux enseignants d’évaluer la situation et d’adapter leurs pratiques en conséquence. »

Bereket Arega
Directeur d’une école à Hawassa

Selon Zemen Ashenafi, la formation à l’évaluation continue en classe a permis d’améliorer de manière notable le processus d’enseignement et d’apprentissage.

Les classes sont désormais plus interactives et la participation des élèves s’est renforcée. Les habitudes de lectures des élèves se sont améliorées et ils participent à davantage d’activités créatives.

En outre, elle note que la formation à l’évaluation continue en classe a motivé les enseignants et renforcé leur envie d’enseigner.

Garantir un accès équitable

Selon le Rapport statistique annuel sur l’éducation en Éthiopie, en 2015/2016, seuls 8,1 % des enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux étaient scolarisés en primaire et 1,5 % au secondaire.

Soutenir les enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux dans les écoles ordinaires reste difficile en raison d’un manque de sensibilisation, de formation et de ressources pédagogiques.

Les écoles en Éthiopie doivent également être plus sûres et plus accessible aux filles. Cela inclut la mise à place de toilettes séparées pour les filles, le recrutement d’enseignantes, ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de formation aux compétences de vie, d’accompagnement et d’autonomisation des adolescentes.

Le programme GEQIP-E a permis de réaliser des progrès importants en matière d’accès équitable à l’éducation.

Plus de 72 % des écoles primaires disposent désormais d’installations permettant de soutenir la scolarisation et la rétention des filles, notamment grâce à la création de clubs de sensibilisation au genre à l’échelle des écoles.

Dans les régions historiquement défavorisées, telles que Afar, Somali et Benishangul-Gumuz, le taux brut de scolarisation des filles dans le cycle supérieur du primaire a connu une forte augmentation, passant de 39 % en 2017 (valeur de référence) à 45 % en 2023.

Afin de répondre aux besoins des enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux, le programme GEQIP-E a mis en place 1 400 centres de ressources pour l’éducation inclusive à travers tout le pays.

Ces centres fournissent des services essentiels à plus de 148 528 élèves, dont 52 % sont des filles ayant des besoins éducatifs spéciaux.

GEQIP-E a également mis la priorité sur la formation de plus de 10 000 enseignants et experts en contextes inclusifs, leur permettant d’enseigner efficacement aux enfants ayants des besoins éducatifs spéciaux.

Semira Kemal, une élève d’Addis-Abeba ayant des besoins éducatifs spéciaux, raconte : « J’ai reçu différents matériels du centre de ressources de mon école. Mon stylet était cassé et j’en ai obtenu un nouveau ici. J’ai également reçu une ardoise et un enregistreur vocal ; tout cela m’aide beaucoup. »

« Autrefois, notre société avait tendance à cacher à la maison ses enfants ayant des besoins spéciaux », explique Ejeta Mekonnen. « Grâce à ces centres, nous avons fourni un soutien pour que les enfants aient des lunettes. Nous avons également fourni un soutien pour qu’ils aient des fauteuils roulants. Auparavant, les parents d’élèves devaient porter leurs enfants jusqu'à l’école, mais désormais ils se servent de fauteuils roulants pour se rendre à l’école et apprendre. »

Semira Kemal, élève à l'école Arabsa à Addis-Abeba en Éthiopie. Crédit : Banque mondiale

Semira Kemal, élève à l'école Arabsa à Addis-Abeba en Éthiopie.

Credit:
Banque mondiale

L’éducation dans des contextes post-conflit

L’un des principaux facteurs d’inégalité dans l’éducation est l’impact des conflits sur les enfants.

« Actuellement, le secteur de l’éducation en Éthiopie est touché par des catastrophes d’origine naturelle et humaine, si bien que des millions d’enfants sont désormais non scolarisés », explique Mezgebu Biazin, responsable exécutif auprès du ministère de l’Éducation, qui a souligné que dans les régions touchées par les conflits, les enseignants et les directeurs d’écoles ont vécu des traumatismes.

Il a insisté sur l’importance de soutenir et de former les enseignants avant de se concentrer sur les activités d’enseignement et d’apprentissage habituelles.

Abdul Hai Sofizada, chef d’équipe de projet actuel du GEQIP-E, explique : « Le programme GEQIP-E a évolué au cours des dernières années pour répondre à certains besoins d’urgence du secteur de l’éducation. ».

« Le programme GEQIP-E joue un rôle essentiel dans le soutien aux efforts de reconstruction dans le pays, en assurant la continuité des services éducatifs. »

Ademe Zeyede Hailu
Économiste et co-responsable de l’équipe de projet du GEQIP-E

Outre l’appui à la réhabilitation des écoles touchées par le récent conflit et l’accompagnement psychosocial des membres de la communauté scolaire, Ademe a souligné que le programme prévoit également la construction de 500 salles de classe dans 50 écoles primaires situées dans des régions touchées par les conflits où les écoles existantes ont été endommagées.

Une fois achevées, ces écoles devraient accueillir environ 22 500 élèves. Par ailleurs, l’Éthiopie accueille environ un million de réfugiés, un chiffre en augmentation depuis le début du conflit au Soudan.

Répondre aux besoins éducatifs des communautés de réfugiés constitue une priorité pour le gouvernement, l’éducation étant un droit fondamental pour tous les enfants réfugiés.

Le programme GEQIP-E soutient les écoles primaires pour réfugiés en fournissant du matériel pédagogique, en octroyant des subventions aux écoles et en mettant en place des programmes de formation des enseignants.

Cela a permis de soutenir 52 écoles pour réfugiés et 1 346 enseignants réfugiés « à prime » (les enseignants « à prime » sont des réfugiés pouvant travailler comme enseignants pour une agence de l’ONU ou une ONG en échange d’une allocation mensuelle).

Parallèlement, six écoles secondaires pour réfugiés ont été intégrées avec succès dans le système de l’enseignement public, tandis que quatre autres écoles sont en cours d’intégration, bénéficiant de subventions aux écoles complémentaires pour faciliter ce processus.

Par ailleurs, le programme GEQIP-E favorise l’autonomisation des filles, promeut l’apprentissage auto-dirigé et accompagne les écoles pour réfugiés en fournissant des infrastructures EAH (eau, assainissement et hygiène) ainsi que des protections hygiéniques.

Le programme fournit également des ressources essentielles aux régions accueillant des réfugiés, telles que des véhicules, des motos et des tablettes.

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