Le programme GPE KIX renforce les capacités des leaders scolaires pour faire progresser l’équité et l’inclusion au Pakistan

Renforcer la capacité des chefs d’établissement à résoudre des problèmes peut contribuer à répondre durablement et à grande échelle aux enjeux locaux d’inclusion au Pakistan.

14 juillet 2025 par Freda Wolfenden, Open University, UK, et Khalid Naeem, National Commission on the Rights of the Child, Pakistan
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Lecture : 5 minutes
Mme Shahzadi Hanif, enseignante, interagit avec Hoorain, 5 ans, pendant un cours dans la section primaire du collège pour filles sourdes et malentendantes de Rajgarh dans le district de Lahore au Pakistan. Crédit : UNICEF/UNI565145/Ali

Mme Shahzadi Hanif, enseignante, interagit avec Hoorain, 5 ans, pendant un cours dans la section primaire du collège pour filles sourdes et malentendantes de Rajgarh dans le district de Lahore au Pakistan.

Credit: UNICEF/UNI565145/Ali

Dans de nombreuses régions du monde, les enfants marginalisés font face à des obstacles freinant leur accès à une éducation de qualité.

Une étude soutenue par le GPE KI démontre que les chefs d’établissement peuvent être des acteurs du changement afin de favoriser l’équité et l’inclusion dans l’éducation.

Ces stratégies fondées sur des données probantes peuvent-elles pour autant faire aboutir des réformes de l’éducation ?

Avec l’aide du GPE KIX, une démarche conjointe avec le Centre de recherche pour le développement international (CRDI), un groupe de partenaires a mené des recherches sur la manière de renforcer la capacité des chefs d’établissement à relever les défis locaux liés à l’inclusion de façon durable et à grande échelle au Pakistan, au Népal et dans les écoles de personnes réfugiées afghanes.

Dans cet article de blog, nous partageons les stratégies et enseignements principaux qui ont favorisé la mise à l’échelle de ce travail au Pakistan, mené par l’Allama Iqbal Open University (AIOU) en partenariat avec diverses agences gouvernementales et la Commission nationale des droits de l’enfant (NCRC).

Les agences gouvernementales impliquées dans ce projet sont réparties dans plusieurs régions et incluent la Direction générale de l’éducation spécialisée (Pendjab), les organismes d’éducation du gouvernement fédéral (Rawalpindi), la Direction générale de l’éducation (Islamabad), le Service d’éducation scolaire du ministère de l’Éducation (Pendjab), Sightsavers (Pakistan) et la Commission nationale des droits de l’enfant (Pakistan).

L’approche : les communautés d’amélioration en réseau (NICs) de chefs d’établissement

Nous avons adopté une approche ascendante et commencé par le lieu concerné (l’école) et les principaux agents les mieux placés pour répondre au défi (les chefs d’établissement).

Dans de nombreux pays, et notamment au Pakistan, les chefs d’établissement (les directeurs et les principaux) ont traditionnellement des fonctions administratives, et sont peu encouragés à essayer des approches innovantes et inclusives.

En outre, ils reçoivent peu de formation professionnelle sur les enjeux liés à l’inclusion dans l’éducation.

Notre recherche pour le GPE KIX visait à remettre en cause ce fait établi en recherchant une manière d’encourager les chefs d’établissement à identifier et à résoudre les problèmes d’exclusion dans leurs écoles et leurs communautés.

L’une des stratégies permettant d’identifier ces problèmes consistait à déterminer si une faible assiduité ou un taux élevé d’abandon scolaire étaient davantage prévalents dans un groupe d’élèves précis (par exemple, les filles, ou les enfants en situation de handicap).

Au début de ce projet, nous avons constaté que la majorité des chefs d’établissement était au courant des disparités d’accès à l’éducation des enfants, et que certains prenaient des mesures pour y remédier en répondant à leurs besoins basiques d’élèves : uniformes scolaires, chaussures et livres.

Toutefois, il s’agissait de mesures ponctuelles, et peu de chefs d’établissement entraient dans un processus d’enquête, d’analyse et d’incitation à l’inclusion.

Entre décembre 2022 et décembre 2023, nous avons travaillé de concert avec les autorités scolaires locales pour créer de petits groupes de chefs d’établissement appelés « communautés d’amélioration en réseau » (ou NICs).

Chaque NIC, composée de 8 à 10 chefs d’établissement, se réunissait régulièrement en présentiel et mettait l’accent sur l’apprentissage continu, la résolution en communauté des problèmes et la prise de décision fondée sur les données, le tout en lien avec l’inclusion en matière d’accès et de participation à l’éducation.

Les éléments clés d’une communauté d’amélioration en réseau

  • L’enquête collaborative : les chefs d’établissement travaillent de concert pour identifier et résoudre les problèmes locaux d’inclusion dans l’éducation.
  • La résolution de problèmes fondée sur des éléments factuels : les participants mènent une recherche d’actions pratiques, tandis que les chefs d’établissement analysent leurs propres pratiques et les défis rencontrés dans leurs écoles, et utilisent des données réelles pour tester des solutions et les peaufiner.
  • Le soutien apporté par des facilitateurs : des facilitateurs qualifiés guident les échanges et assurent une collaboration productive.
  • Des cours en accès libre : les participants utilisent des ressources en ligne structurées pour approfondir leur compréhension de l’inclusion et de l’équité.

Dans les provinces pakistanaises d’Islamabad et de Lahore, nous avons observé des chefs d’établissements gagner l’assurance nécessaire pour mettre en œuvre des changements significatifs dans leur école, en particulier dans la résolution des enjeux de scolarisation, d’assiduité et d’implication rencontrés par les enfants vulnérables, les enfants qui travaillent, les enfants en situation de handicap, les filles et les enfants réfugiés.

Les stratégies clés adoptées par les chefs d’établissement incluent les activités de plaidoyers auprès de la communauté et la collaboration avec les parents et les groupes religieux, ainsi que l’adoption d’une position claire et encourageante visant à favoriser des changements d’attitude promouvant l’inclusion à l’échelle de toute l’école.

Les chefs d’établissement ont également renforcé leur confiance et leurs compétences pour exploiter les données concernant les élèves, telles que les données relatives à l’assiduité, à la scolarisation, au bien-être des élèves, etc., afin de résoudre les problèmes liés à l’inclusion.

« Nous disposons désormais d’un dossier individuel pour chaque élève. […] C’est très utile, car nous pouvons ouvrir un dossier, identifier un problème et le résoudre. »

Un chef d’établissement membre d’une NIC au Pakistan

Les principaux points à retenir à l’issue de ce projet sont les suivants :

  • Les approches d’amélioration continue ont renforcé les compétences des chefs d’établissement à identifier et à relever les micro-défis liés à l’éducation inclusive dans leur école.
  • Les communautés de pairs (les NICs) ont renforcé la motivation des chefs d’établissement à s’investir dans la résolution de problèmes liés à l’éducation inclusive et leur ont permis de résoudre les problèmes de manière coordonnée.
  • La majorité des micro-défis liés à l’éducation inclusive relevés par les chefs d’établissements avaient trait à l’assiduité, la ponctualité et la protection sociale.

Mise à l’échelle des communautés de pairs : leçons tirées de la collaboration entre les chercheurs et les responsables politiques

Grâce à nos recherches, nous disposons désormais d’éléments factuels indiquant que les chefs d’établissement peuvent jouer un rôle important dans l’évolution des pratiques liées à l’apprentissage.

Toutefois, de tels changements doivent être organisés au niveau local, fondés sur des éléments factuels locaux, et réalisables au moyen des ressources disponibles.

L’un des enseignements fondamentaux que nous avons tirés est que l’adoption réussie à grande échelle, ainsi que l’adoption d’éléments précis par des personnes précises en des endroits précis, dépendent de nombreux facteurs.

On peut notamment évoquer l’alignement avec les buts de l’éducation nationale, le degré de décentralisation dans le système éducatif et le réseau professionnel des personnes clés impliquées dans le projet.

Par exemple, les chercheurs et les partenaires ayant déjà collaboré avec des responsables politiques au niveau national ainsi qu’avec des partenaires nationaux ou régionaux ont rencontré plus de succès que les chercheurs et partenaires qui n’avaient pas un tel réseau.

Le réseau professionnel permet d’ouvrir des portes, d’organiser des ateliers et de découvrir des moyens innovants d’échanger des connaissances.

Nous avons également appris à présenter le résultat de nos recherches (voir ci-dessus) comme des recommandations adressées aux agences gouvernementales collaboratrices plutôt que comme des conseils logistiques visant à faire évoluer l’innovation.

Cette approche nous est venue lors d’une discussion avec le responsable du projet au Pakistan, le Dr Zahid Majeed, et avec d’autres membres de la NCRC. Après plusieurs itérations, nous avons affiné les résultats de nos recherches pour les présenter comme des recommandations à destination des responsables politiques.

À l’avenir, nous souhaitons élargir le rayon d’action de cette initiative aux provinces du Sind et du Baloutchistan tout en continuant de développer nos cours en accès libre de développement professionnel des enseignants au niveau provincial comme national.

Tout au long des recherches, l’AIOU a entamé un dialogue rapproché avec plusieurs agences gouvernementales et organismes non gouvernementaux (cités ci-dessus), partagé les ressources et les résultats de ce travail et invité les parties prenantes à participer aux événements liés au projet.

Ces interactions ont permis d’ouvrir la voie à divers moyens de développer le modèle des NICs à l’échelle du Pakistan :

  • Adoption du programme : les agences gouvernementales de Lahore, d’Islamabad et de Rawalpindi ont adopté ce modèle en l’adaptant pour qu’il s’intègre aux structures existantes.
  • Diffusion du programme : les cours en accès libre et le matériel d’apprentissage ont été partagés avec les autorités gouvernementales et les ONG afin de plaider en faveur de l’équité entre les genres et de l’inclusion dans les instances gouvernementales.
  • Promotion de l’adoption : le résultat de nos recherches et nos recommandations ont été partagés avec les agences gouvernementales lors d’ateliers et de présentations, où leurs membres ont eu l’occasion de poser des questions et de s’intéresser aux résultats.
  • Intégration de la pratique : l’approche d’un apprentissage fondé sur la pratique de notre cours en accès libre a été intégrée aux programmes de développement professionnel des enseignants, notamment chez Sighsavers et à l’AIOU.

Les chefs d’établissement peuvent jouer un rôle essentiel dans l’action contre les inégalités dans l’éducation en étant à l’initiative du développement de conditions plus inclusives dans leurs écoles.

En donnant à ces personnes l’occasion de collaborer avec leurs pairs et en leur fournissant une orientation structurée pour permettre l’utilisation des données et ainsi prendre des décisions éclairées, leur capacité à favoriser le changement s’est trouvée renforcée.

Collaborer avec les chefs d’établissement est l’une des voies à suivre pour assurer une éducation inclusive pour tous les élèves.

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