Les jeunes à travers le Cambodge prennent conscience des enjeux climatiques qui impactent leur quotidien. Avec l’appui du GPE et de ses partenaires, ils mènent des actions et proposent des solutions novatrices pour protéger leurs communautés et leur avenir.

« J’aime ma communauté, mais ça m’angoisse quand les gens ne se rendent pas compte à quel point les enjeux environnementaux sont importants. Parfois, ils nuisent à l’environnement sans même le savoir. »
Danet pédale sur un chemin de terre rouge pour se rendre à l’école, le soleil se levant doucement derrière elle.
C’est la fin de la saison des pluies dans la province de Siem Reap, et la végétation luxuriante accueille chaleureusement le petit matin. Le paysage n’est pas gâché par des déchets de plastique ou des mégots de cigarette jetés le long de la route.

« J’adore quand ma communauté est belle et propre, sans tous ces déchets de plastique. Chaque année, des millions de touristes empruntent ces routes pour visiter des temples anciens comme Angkor Wat. »
Mais son village n’a pas toujours été aussi impeccable.
Danet vient tout juste d’obtenir son diplôme de l’école secondaire de premier cycle dans le district de Soutr Nikom, où le programme d’éducation aux compétences de vie locale (Local Life Skills Education – LLSE) lui a appris comment les changements climatiques et les enjeux environnementaux menacent la santé, le bien-être et l’avenir des enfants et des jeunes comme elle.
Ce cours lui a permis de comprendre les dangers qu’elle observe au quotidien — des enfants qui respirent la fumée toxique provenant de la combustion des déchets devant les maisons, aux emballages alimentaires en plastique jetés qui polluent les routes et les cours d’eau.
Elle a aussi appris que les pluies et les vents imprévus pendant la saison sèche — qui retardent la récolte de sa famille, endommagent le riz et nuisent à leurs revenus — sont liés aux changements climatiques.
Danet, 15 ans, milite auprès des villageois pour réduire la combustion des déchets domestiques en sensibilisant la population aux dangers de la fumée toxique et en les encourageant à réduire leur utilisation de plastique.
Ce cours, élaboré par le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports avec l’appui de l’UNICEF, lui a aussi appris à utiliser ces connaissances pour agir face aux impacts climatiques et inspirer d’autres à faire de même.
« Quand les gens comprennent, notre communauté peut rester belle », dit Danet. « Mais pour que ça arrive, tout le monde doit se mobiliser. Je crains que les changements climatiques ne continuent, mais je choisis de rester optimiste et de croire que les villageois vont s’unir pour protéger et préserver notre environnement. »
Au fil des dernières années, avec ses camarades de classe, elle a organisé des activités de nettoyage, planté des arbres, sensibilisé les villageois aux dangers de la pollution plastique et encouragé la culture de légumes dans leurs jardins.
Danet participe à la plantation d’arbres, une initiative dirigée par ses camarades de classe dans le cadre de leur cours de compétences de vie locales.
« J’ai mené une campagne de sensibilisation aux enjeux environnementaux, particulièrement sur la question des déchets, » explique-t-elle. « Les villageois demandaient : “Si brûler les déchets est mauvais pour l’environnement, qu’est-ce qu’on devrait faire à la place ?” Je leur ai dit qu’il fallait vraiment réduire notre utilisation de plastique. Plus on en utilise, plus on doit en brûler ou en enfouir, et ça, c’est mauvais pour la planète. Ils y ont réfléchi et ont commencé à changer leurs habitudes. »
L'L’Indice des risques climatiques pour les enfants (Children’s Climate Risk Index – CCRI) classe le Cambodge parmi le tiers des pays les plus exposés aux risques liés aux changements climatiques.
Environ 1,9 million d’enfants vivent dans des communes présentant un risque climatique élevé ou très élevé, ce qui signifie qu’ils sont extrêmement vulnérables aux impacts des changements climatiques et aux dangers environnementaux - y compris la pollution, les inondations, la sécheresse et les maladies à transmission vectorielle - parce qu’ils n’ont pas accès aux services essentiels.
Au Cambodge, des initiatives telles que le programme d’éducation aux compétences de vie locale misent sur le potentiel des jeunes et la promesse qu’ils incarnent en tant qu’acteurs de changement pour l’environnement.
Ce programme, enseigné dans toutes les écoles secondaires de premier cycle du pays, offre aux élèves non seulement des connaissances sur les enjeux climatiques, mais leur permet de développer également les compétences transversales essentielles pour s’impliquer au sein de la communauté, collaborer, mener des recherches, plaider et agir pour protéger leur avenir.
Grâce au financement du GPE, du gouvernement australien par l’intermédiaire de l’Australian NGO Cooperation Programme et du Fonds thématique pour l’égalité des genres, plus de 30 000 jeunes ont bénéficié d’une éducation climatique par le biais du LLSE depuis 2018.
« Avant, les élèves apprenaient seulement en classe », explique Rim Samreach, directeur de l’école secondaire de premier cycle Chansar.
« Maintenant, ils sont incités à apprendre au-delà du cadre scolaire et à participer à des activités communautaires. Nous espérons qu’un jour, après leurs études, ils deviendront des ressources précieuses et mettront leurs compétences au service de leur communauté. Nous ne serons pas là éternellement, et nous espérons que ces enfants prendront notre relève. »
Lorsque prêts, les élèves sont aussi encouragés à présenter leurs recherches et leurs idées aux autorités locales et autres décideurs. Cette démarche les aide à développer leurs compétences relationnelles, à élargir leur portée, à stimuler l’engagement et à recueillir des fonds pour leurs campagnes.
Danet et ses camarades du cours de compétences de vie locales accueillent le conseiller communal San Seath à la salle communale de Chansar.
Après des présentations au niveau de la commune et du district, Danet et son équipe sont allés présenter leurs idées sur la gestion des déchets aux autorités provinciales de Siem Reap.
« La communauté accepte maintenant les bonnes idées des enfants pour améliorer l’environnement et réduire les maladies »,, affirme San Seath, conseiller de la commune de Chansar. « C’est pourquoi chaque maison est propre aujourd’hui et qu’on ne voit plus les déchets comme avant. »
Sab affirme que c’est au tour des jeunes de prendre les devants.
À la salle communale de Chansar, Danet et ses camarades présentent leurs solutions pour la gestion des déchets et d’autres enjeux environnementaux aux leaders locaux et aux membres de la communauté.
« Je suis optimiste pour l’avenir, » dit-elle. « Les enfants ont le courage de parler et d’agir. Ils tiennent leurs engagements. Je suis très heureuse de voir autant de soutien de la part des autorités gouvernementales au niveau du district et de la province. Je crois qu’ils pourraient même atteindre les ministères centraux à Phnom Penh. »
Danet sait que beaucoup reste à faire et que nombreuses sont encore les personnes à convaincre que le moment d’agir pour le climat, c’est maintenant.
« Quand les villageois ne font pas ce qu’on demande, je suis déçue, » dit-elle. « Mais je vais continuer à sensibiliser les gens. »

« Mon plus grand souhait, c’est que ma communauté soit propre et belle, et que nous vivions tous ensemble en harmonie. »
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