Cela affaiblit non seulement les fondements factuels sur lesquels les décideurs peuvent s’appuyer, mais limite aussi la capacité des chercheurs à identifier les lacunes existantes et à construire un savoir cumulatif.
Or les revues systématiques jouent un rôle essentiel dans le développement des champs de recherche et dans la synthèse de données probantes de qualité.
Ce problème ne se limite pas à la région. Un examen plus large de l’usage des revues systématiques dans la recherche éducative francophone montre que celles qui existent reposent, pour la plupart, presque exclusivement sur des recherches effectuées via Google.
Cela renvoie à un problème structurel de fragmentation de la diffusion de la recherche francophone et de ses infrastructures.
Renforcer la recherche académique en Afrique subsaharienne francophone : Comment y parvenir ?
- Comment garantir que les chercheurs disposent d’opportunités réelles de contribution, notamment par un accès à la formation, au mentorat et à un soutien institutionnel leur permettant de renforcer leurs capacités à rédiger et publier en français ?
- Les bailleurs devraient-ils exiger que chaque projet de recherche prévoie des ressources spécifiques pour la production et la diffusion académique, par exemple sous forme d’articles dans des revues à comité de lecture ?
- La création d’un système régional d’indexation, à l’image de SciELO en Amérique latine, améliorerait-elle la visibilité des travaux francophones ?
- Enfin, une approche éditoriale ciblée, comme la publication périodique de recueils thématiques, permettrait-elle de mieux structurer et valoriser les résultats de recherche ?
Cette dernière idée, avancée lors d’un séminaire international sur la production et la diffusion de la recherche en éducation en Afrique subsaharienne francophone, organisé par France Éducation International en partenariat avec la CONFEMEN et l’AUF en octobre 2021, est prometteuse.
Toutefois, comme l’a souligné la rédactrice en chef adjointe de la Revue internationale en éducation de Sèvres, elle soulève des questions pratiques : qui portera une telle initiative ? Avec quelles ressources ? Et comment en assurer la pérennité ?
Il n’existe pas de réponses simples. Pourtant, ce sont précisément ces interrogations qui appellent une réflexion collective.
Afin de renforcer la solidité de la recherche et d’améliorer la circulation des savoirs, le GPE, à travers son initiative KIX, collabore avec ESSA et le REAL Centre de l’Université de Cambridge dans le cadre d’un projet réunissant chercheurs, praticiens, bailleurs et décideurs.
Cette collaboration vise à partager des expériences, croiser les expertises et élaborer des réponses concrètes aux défis communs. En s’appuyant sur les initiatives existantes, ce dialogue multipartite apparaît essentiel pour faire progresser des stratégies durables et renforcer les écosystèmes de recherche en Afrique subsaharienne francophone.
Clarifier la distinction entre les publications universitaires et les rapports de recherche ne revient nullement à dévaloriser ces derniers. Il s’agit plutôt de reconnaître et soutenir la recherche académique en tant que bien public, capable d’éclairer non seulement les politiques éducatives, mais aussi la pédagogie, le développement théorique et la réflexion critique.
Pour saisir les dynamiques à l’œuvre, il est essentiel d’analyser la manière dont la recherche académique et les productions issues de la consultance interagissent, et ce que cela implique pour l’avenir de la production et de la diffusion des savoirs en éducation dans la région.
En somme, renforcer la recherche académique en Afrique francophone ne relève pas d’une simple tâche technique ; il s’agit d’un impératif à la fois politique et éthique, indispensable à la construction de systèmes éducatifs inclusifs et riches en savoirs.
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