Une transformation progressive des pratiques
Les expériences montrent que les fonds communs alignés induisent une transformation graduelle et profonde des pratiques et des rapports entre partenaires : en intégrant les financements externes aux circuits de décision nationaux, les fonds communs alignés contribuent à renforcer les capacités institutionnelles, à mieux structurer le dialogue sectoriel et à favoriser une redevabilité partagée.
L’identification d’éventuels écarts des capacités et les mesures d’accompagnement et de remédiation se font d’une manière anticipée et concertée avec les administrations nationales.
Pour se faire, une assistance technique peut accompagner les fonctions essentielles d’une administration publique efficace.
Dans cette perspective, les fonds communs alignés visent à appuyer de manière ciblée la planification, la budgétisation, la passation des marchés, la gestion des finances publiques, les mécanismes de contrôle interne ainsi que le suivi-évaluation, dans une logique de renforcement progressif de l’autonomie et des capacités institutionnelles.
Les fonds communs alignés confient l’intégralité de la mise en œuvre aux ministères et services publics concernés. Ce principe repose sur un objectif central : favoriser une autonomisation progressive et durable des administrations nationales, condition essentielle pour renforcer la transparence, la qualité de la gouvernance et la maîtrise de la gestion des ressources publiques.
Des résultats tangibles à l’échelle nationale
Largement soutenus par le GPE, les fonds communs de l’éducation produisent aujourd’hui des résultats encourageants :
- Au Niger, le fonds commun a permis de subventionner plus de 8 000 établissements scolaires en 2021, touchant près de deux millions d’élèves, dans le cadre d’un dispositif harmonisé à l’échelle nationale.
- À Madagascar, le recours à la chaîne nationale de la comptabilité publique permet désormais de financer, à partir de ressources extérieures, l’ensemble des 33 000 établissements scolaires publics – du primaire au collège – une première historique dans le pays.
- En Guinée, le fond commun a concrétisé le processus de décentralisation en finançant l’Agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC), chargée de la réalisation des constructions scolaires du primaire, conformément aux orientations politiques. Ce dispositif s’appuie sur un cadre financier et opérationnel négocié entre les ministères concernés, marquant une avancée institutionnelle majeure dans la coordination interministérielle.
Ces exemples illustrent la capacité des fonds communs de l’éducation à soutenir des interventions à l’échelle nationale, y compris dans des contextes fragiles, tout en accompagnant la mise en œuvre de réformes structurelles.
En s’inscrivant dans les systèmes publics existants, ils permettent un financement plus équitablement réparti, cohérent avec les priorités des pays, et piloté par les institutions nationales.
Vers une relance stratégique de l’agenda de l’efficacité
La prochaine conférence de Séville sur le financement du développement (FfD4) offre une opportunité majeure pour remettre la question de l’efficacité au cœur du financement de l’éducation.
La transition vers des modalités d’aide plus alignées, mieux coordonnées et intégrant une meilleure redevabilité s’impose comme une exigence politique majeure pour améliorer l’efficacité de l’aide, restaurer la confiance, renforcer l’impact des financements sur les résultats éducatifs.
Les fonds communs alignés de l’éducation constituent un levier crédible pour conjuguer les impératifs de transformation structurelle avec les exigences de redevabilité et de la bonne gouvernance financière. Ils incarnent une coopération fondée sur le partenariat, la transparence, et le respect des institutions locales.
Repolitiser l’efficacité, réinvestir les systèmes nationaux
Il est temps d’assumer pleinement la dimension politique de l’efficacité de l’aide. Cela implique de sortir d’une logique d’intervention court-termiste, dont les effets restent limités tant sur le plan du développement que de l’influence, pour inscrire l’action internationale dans une approche plus cohérente, plus stratégique et davantage ancrée dans les dynamiques nationales.
Les fonds communs alignés pour l’éducation sont une illustration convaincante de la mise en œuvre de ces principes.
En soutenant les systèmes au lieu de les contourner, en consolidant les capacités au lieu de les substituer et en renforçant la coordination entre partenaires, les fonds communs alignés offrent une voie concrète vers un financement plus durable, plus équitable et plus efficace de l’éducation.
Laisser un commentaire
Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis